5 janv. 2017

J'ai quitté la cigarette

J'ai arrêté de fumer


La rupture était soudaine. Je ne m'y attendais pas. Elle n'était pas prévue du tout mais elle est arrivée.


Le 7 septembre 2015.

La clope et moi avions déjà rompu plusieurs fois. Le temps de quelques heures, quelques jours, voire même quelques mois ! Mais nous nous somme réconciliées à chaque fois...

J'avais commencé à fumer à l'âge de 15 ans (si je ne me trompe pas, le 18 septembre 2001). Un jour de classe où j'avais pris cette décision de sécher (pour la première fois de ma vie !) les 2h de sport du mardi après-midi, et dans l'euphorie du moment je me suis arrêtée dans le bureau de tabac et j'ai acheté un paquet de Marlboro light à 11 francs (un paquet de 10) (je suis vieille). La première n'était pas bonne. Du tout. La seconde non plus. La troisième passait déjà plus facilement, et les 7 autres ont suivi comme si de rien n'était, et depuis j'ai acheté des cigarettes, des cartouches, des pots de tabacs, des tubes, etc.

C'était cool de fumer. On est cool quand on fume (non). On est les maîtres du monde (non). Avec une clope au bout des doigts, on est invincible (non). Comment faisaient ces gens pour ne pas fumer une (DOUZE) cigarette(s) avant les épreuves du BAC ? Ces losers qui allaient à des premiers rdv sans avoir un cendrier à la place de la bouche. Que faisaient les non-fumeurs après le sekse ? Tous ces nullos qui ne savaient pas quoi faire de leur main libre quand ils buvaient une bière. Tant pis pour eux, moi j'avais la classe (non).

12 ans après cette 1ère clope, un magasin de cigarette électronique se place en travers de mon chemin qui me mène chez mon amoureux. C'est quoi cette merde ? Genre on arrête de fumer ces clopes qui nous rendent surpuissants pour tirer sur une machine ? C'est une vaste blague ? On nous prend vraiment pour des cons ! D., mon chéri, quant à lui, dès qu'il y a un machin avec une batterie à charger, un truc à cliquer ou un bidule qui fait une lumière LED, il est comme un gosse le soir de Noël. Fallait pas attendre longtemps avant de recevoir un SMS qui disait "j'ai acheté une cigarette électronique, c'est vachement bien, je t'en prendrais une aussi" ou un truc du genre. Je pouvais pas y échapper. Du coup en passant devant je me suis arrêtée pour acheter une e-cig (ego C-Twist 1000 mah mauve si mes souvenirs sont bons) et un liquide goût tabac (sachez que lorsque quelqu'un vous vend un e-liquide goût tabac, cette personne vous ment éhontément.). Je fais comprendre à la dame que je savais très bien comment ça fonctionne (alors que pas vraiment), mais je voulais passer pour une vapoteuse aguerrie (je venais de fumer une cigarette, c'est pour ça, je me sentais balèze). Je repars toute contente avec mon petit sachet et je m'empresse de retrouver D. pour tester ça. Je déballe tout, je remplis mon réservoir, j'assemble le schmilblick, j'appuie, je tire, je tousse. Une fois. Deux fois. Trois fois. Puis je ne tousse plus. Ça y est, je venais d'arrêter de fumer.

LE. BONHEUR.

Que c'était chouette de ne plus avoir à nettoyer les cendres partout à l'appart, de se lever et de ne pas avoir cette odeur de tabac froid qui agressait mes narines. La joie de ne pas avoir à claquer 6 balles dans un paquet de clopes, mais dans un flacon de 10ml de e-liquide saveur menthe, citron, caramel, ou framboise. Ce flacon qui équivaut à 7 paquets de clopes (sachez que lorsque quelqu'un vous vend un e-liquide censé correspondre à 7 paquets de clopes, cette personne vous ment éhontément).

Bref, j'étais débarrassée du tabac. En plus de ça, je frimais dans la rue avec mon nuage de vapeur. Si le fumeur d'en face se sentait invincible, moi, vapoteuse, j'étais immortelle (non). Mais ce qui était vraiment génial dans tout ça c'était que ma mère a voulu essayer aussi. Cette grosse fumeuse qui toussait parfois à en vomir est devenue elle aussi vapoteuse, et son visage s'est transformé. En vrai, non, mais ses poumons, oui. Elle ne toussait plus, elle ne faisait plus des bronchites à répétition et ça me faisait bien plaisir. Elle allait partout avec son vapo autour du cou et voulait convertir tous les fumeurs de son entourage. Souvent ça marchait. Elle était toute contente et moi aussi.

Quelques mois plus tard, lors d'une soirée, avec D. on se dit "tiens, si on fumait une clope pour voir ?". OK. C'était pas bon. Comme c'était pas bon, pourquoi ne pas en fumer une seconde. On ne risquait rien puisqu'on n'aimait plus. Tu parles Charles. Le lendemain je rachetais un paquet de clopes. C'est vrai que c'est plus pratique en soirée, ou après quelques verres. Ne pas avoir a remplir son tank et s'en foutre partout. Je refumais. Puis j'arrêtais à nouveau. Puis je refumais. Etc... Jusqu'à ce fameux 7 septembre 2015.

Le 6 septembre, on fêtait les 80 ans de mon oncle. Toute ma famille était là. La plupart d'entre eux ne savait même pas que je fumais tout court. Personne ne m'a fait de remarque. J'étais là, à fumer ma clope et j'entendais ma mère pas loin, encore en train de vanter sa cigarette électronique qu'elle ne lâchait plus. Le lendemain vers 10h30 j'ouvre mon paquet. Plus qu'une seule cigarette. Je la prends en repensant à la veille. C'était la première fois que toute ma famille me voyait avec une clope au bec, à presque 30 ans. Ils ne savaient pas que j'avais 15 ans de tabagisme derrière moi. Et je pense à mon oncle, pour qui ce n'est pas la très grande forme depuis quelques années, qu'il régresse de plus en plus. On a fêté ses 80 ans et moi je suis là, à réduire mon espérance de vie à cause d'une addiction à la con. C'était le lundi 7 septembre 2015, vers 10h30-11h et j'étais en train d'allumer la dernière cigarette de mon paquet. J'allumais ma dernière cigarette.

J'ai ressorti mon vapo et je n'ai plus refumé depuis. J'en suis très fière. Je m'en fous de saouler les gens avec cette information me concernant. J'avais gagné. Je suis encore en train de gagner d'ailleurs. Tous les jours où je n'allume pas une cigarette, je gagne. Et j'aime gagner. En tout cas je n'aime pas perdre.

Et cette fois, je ne perdrai pas.



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